16 août 2010
1
16
/08
/août
/2010
22:51
Le flageolet a été utilisé au début du XVIIIe siècle pour apprendre à chanter aux oiseaux domestiqués. L'instrument était un flageolet d'oiseau, petit flageolet de sonorité plus douce que le gros flageolet. Le procédé consistait à s’approcher de leur cage dans l’obscurité à raison de cinq à six leçons quotidiennes d'un quart d'heure chacune en leur répétant les mêmes morceaux. Des recueils contenant de petits airs nous sont parvenus et témoignent de cette pratique.
Un traité intitulé "The Bird Fancyer's Delight : Or Choice Observations and Directions concerning the feeding, breeding and teaching all sorts of Singing Birds" a été publié par Thomas Ward à Londres en 1714 et a connu de nombreuses rééditions jusqu'en 1830.
A la même époque, une collection de 40 airs spécialement composés pour l'apprentissage des oiseaux est apparue sous le même titre "The Bird Fancyer's Delight" dans deux éditions distinctes : l'édition de Richard Meares datée de 1717 dont la page de titre est reproduite ci-dessus (exemplaire unique conservé à la Library of Congress à Washington) et l'édition de Walsh probablement un peu plus tardive. Une édition moderne transcrite pour la flûte à bec sopranino tenant compte des deux éditions précédentes a été publiée chez Schott par Stanley Godman et comporte 43 airs classés selon l'oiseau pour lequel ils étaient destinés : 11 airs pour pour le bouvreuil (Bullfinch), 9 pour le canari (Canary), 6 pour la linotte (Linnet), 4 pour l'alouette des bois (Woodlark), 3 pour l'alouette des champs (Skylark), 3 pour le sansonnet (Starling), 2 pour le perroquet (Parrot), 2 pour le rossignol (Nightingale), un pour le moineau (Sparrow), un pour la grive musicienne (Throstle), et un pour le "East India nightingale", probablement le mainate récemment implanté en Angleterre au début du XVIIIe et reconnu pour ses facultés d'apprentissage.
Seuls trois de ces airs ont été aisément identifiés : une des leçons pour le bouvreuil est une marche tirée de Rinaldo de Haendel ; un des airs pour le perroquet est une petite chanson gaie intitulée "The Happy Clown" qui apparaît dans le "Beggar's Opera" et constitue une partie de son ouverture. Le troisième, un des airs pour l'alouette des champs est également utilisé dans cet opéra ("The turtle thu with plaintive crying"). Les autres airs semblent avoir été écrit par William Hill, un joueur de flageolet fréquemment cité par Samuel Pepys.
Ces airs sont écrits pour un flageolet en sol. Une tablature est proposée au lecteur (voir ci-dessous).
Deux pages sont écrites en tablature (Dot Notation), correspondant à un flageolet en sol (voir ci-dessous).
L'ouvrage a probablement été influencé par les travaux de John Hamersley, un ornithologue anglais, auteur d'un traité paru dans les premières années du XVIIIe et intitulé "A description of all the Musical Birds in this Kingdom with their nature, bredding, feeding, diseases and remedies. Also several new Tunes made for birds and may be taught them by the cantillo or small flageolet." Les airs contenus dans ce recueil sont moins élaborés que ceux retrouvés dans le "Bird Fancyer's Delight".
Le XVIIIe siècle semble avoir été l'âge d'or des oiseleurs (birdfancyers). "The Bird Fancyer's Delight" illustre cette pratique consistant à apprendre des airs aux oiseaux domestiqués à l'aide d'un flageolet ou d'une flûte.
Extrait audio 3 : The Bird Fancyer's Delight - Tune for the East India Nightingale
Extrait audio 4 : The Bird Fancyer's Delight - Tune for the Woodlark
Flageolet d'oiseau Tibouvile Frere
1er quart du XIXe
Collection privée
Trois airs pour la Linotte et un air pour le Perroquet extraits de 'The Bird Fancyers's Delight" (1707) joués sur un flageolet d'oiseau.
Enregistrement réalisé par Kôske Nozaki le 22 février 2020 à Versailles, flageolet d'oiseau de Houshun Masuda
Article révisé le 9 juin 2020