Méthode de Carnaud pour le flageolet
Collection privée
La méthode de Carnaud est l'une des méthodes les plus connues dans la première moitié du XIXe pour l'apprentissage du flageolet aux côtés de celles de Bonnisseau, Collinet, Kastner et Roy. Elle n'est pas datée mais on peut la situer dans les années 1830-39 car elle est citée dans l'Encyclopédie des Gens du Monde parue en 1839.
Elle était vendue à Paris, chez Carnaud, éditeur à Paris au 19 de la rue Montmartre.
Elle s'applique au flageolet sans clefs, ou à 1, 2, 3, 4, et 5 clefs.
Carnaud précise au début de la méthode les caractéristiques des différents flageolets :
- flageolets sans clefs, seulement percés de 6 trous,
- flageolets à une clef comportant la 1ère clef ou clef de la #,
- flageolets à 2 clefs comportant de plus celle de ré # (2e clef),
- flageolets à 3 clefs comportant en plus la première petite clef de trilles,
- flageolets à 4 clefs dont il existe trois sortes :
-> avec les trois clefs qui précédent et celle de fa bécarre;
-> avec les deux premières clefs (la # et ré #) et les deux grandes clefs de trille (voir tablature)
-> avec les deux premières clefs et les deux petites clefs de trilles
- flageolet à 5 clefs comportant en plus des deux derniers la clé de fa bécarre ou la clef de sifflet.
La clef de sifflet se situe sur le côté gauche du sifflet et se prend avec la 2e phalange de l'index gauche conjointement avec le 2e trou. Son effet est de faciliter la sortie des notes aiguës.
La première partie de la méthode expose les différentes tablatures pour l'instrument : tablature des notes naturelles, des notes altérées et des trilles.
Après un rappel des principes de musique, les exercices débutent à la page 13 avec des leçons pour apprendre à faire les différents intervalles puis 30 airs progressifs.
On y trouve une transcription de la romance "Partant pour la Syrie" qui connut un immense succès populaire sous le Premier Empire et pendant la Restauration avant de devenir une sorte de deuxième hymne national sous le Second Empire, joué à presque chacune des cérémonies officielles. Louise Cochelet écrit dans ses mémoires (vol. 1, p. 46-47) que cette romance "fut tant chantée que les orgues de Barbarie la répétaient sans cesse dans les rues, dans les promenades, en tous lieux. Enfin on en était poursuivi à tel point que, quoique l'air de cette romance soit charmant, on finissait par en être fatigué".
Pendant les décennies suivantes, cette mélodie devait connaître de nombreux arrangements pour différents instruments par des compositeurs tels que Bochsa ou Dussek. Un ensemble de variations a même été édité pour le flageolet !
La mélodie fut initialement attribuée à Hortense de Beauharnais, belle-fille de Napoléon. Puis le musicologue Arthur Pougin désigna, comme étant l'auteur véritable de la mélodie, un certain Louis-François-Philippe Drouet (1792-1855), flûtiste à la cour de Louis roi de Hollande. Les paroles furent écrites par le Comte Alexandre de Laborde (1774-1842), archéologue. De récentes découvertes confirment Hortense comme étant l'auteur de cette musique composée à Malmaison "pendant que [sa] mère jouait au tric-trac" (Mémoires, vol. 3, p. 119).