Né le 23 février 1633 à Londres, Samuel Pepys était un haut fonctionnaire de l'Amirauté anglaise, un membre du parlement et un écrivain.
Il est connu pour son extraordinaire journal * qui couvre la période 1660-1669, rédigé presque intégralement en utilisant une sorte de sténographie. Cet ouvrage relate non seulement les grands événements des années 1660 mais fournit une documentation incomparable sur la société anglaise de cette période.
Passionné de musique, le flageolet fut son instrument de prédilection : il est mentionné à de nombreuses reprises dans son journal.
Samuel Pepys, National Portrait Gallery, Londres
Le portrait de Samuel Pepys peint par John Hayls en 1666 le représente tenant dans sa main une de ses propres compositions.
Pepys avait pour ami Thomas Greeting, l'auteur du "Pleasant Companion" (cf article) qui lui donnait régulièrement des cours de flageolet ainsi qu'à sa femme. Le 16 avril 1668, il avait acheté à Greeting sa méthode en exemplaire manuscrit avant sa publication officielle.
Pepys nous fait découvrir dans son Journal quelques aspects de la pratique du flageolet à Londres dans les années 1660 et rencontrer deux de ses amis partageant la même passion :
- Mr Drumbleby, facteur de flageolets, le meilleur de Londres selon son avis en février 1667,
- Thomas Blagrave, qui lui donna une leçon sur le flageolet (21 juin 1660).
Qui était Thomas Blagrave ?
Né en 1613, il était violoniste et compositeur mais également chanteur, joueur de cornet, sacqueboute, hautbois, et flageolet.
Fils de Richard Blagrave, joueur d'instruments à vent à la Cour de Charles I, Thomas devient lui-même musicien de la Cour en 1637 en jouant pour Charles I la sacqueboute et le hautbois. Il fera partie des musiciens de Cromwell en 1657-1658 puis sous le règne de Charles II des Vingt-quatre violons. Il sera également Maître de Choeur de l'Abbaye de Westminter en 1664.
Mort en 1688, il est inhumé à l'Abbaye de Westminster. Son portrait est à la faculté de musique d'Oxford.
Dans son Journal, Samuel Pepys précise les nombreuses occasions où il joue le flageolet : au Green Dragon à Lambeth Hill (16 janvier 1659-60), en bateau sur la Tamise (30 janvier 1659-60), dans un bar près de Temple Bar (9 février 1659-60), à l'Echo probablement dans St Jame's Park (17 février 1659-60), lors d'un trajet à cheval de Cambridge à Londres (27 février 1659-60), dans une diligence (14 mai 1660)... Il est donc fidèle à l'adage de Thomas Greeting qui figure dans l'introduction du "Pleasant Companion" : "a companion either by Land or Water".
Samuel Pepys possède deux types de flageolet : un petit appelé "low pipe" de sonorité douce et tendre et un grand qui peuvent être joués alternativement produisant un effet d'écho. La mélodie jouée sur le grand flageolet est répétée sur le petit en écho. Drumbebly, le facteur de flageolet, apprend à Pepys la façon de construire une cavité sur le "low pipe" destinée à recevoir une éponge absorbant l'humidité afin d'éviter l'obstruction du canal de petit calibre par la condensation. Drumbebly explique par ailleurs comment un petit flageolet et un grand peuvent être attachés ensemble afin de réaliser cet effet d'écho. Le système n'est pas destiné à jouer les deux flageolets ensemble mais bien alternativement en écho. Pepys semble avoir une prédilection pour le "low pipe". Il cite Mr Overbury qui joue admirablement cet instrument :
"...Mr Overbury, a pleasant man, who plays most excellently on the flagelette, a little one, that sounded as low as one of mine, and mighty pretty " (16 mars 1668-69).
Samuel Pepys fournit donc des éléments historiques de premier ordre sur la facture instrumentale et la pratique du flageolet à Londres dans les années 1660.
Après la fin de son Journal en 1669, peu de choses sont connues sur sa pratique du flageolet mais il semble probable qu'il ait continué à jouer jusqu'à sa mort survenue à Clapham en 1703.
* Le journal de Samuel Pepys est consultable en ligne avec une entrée par mot clé :
Autre site intéressant sur Samuel Pepys :