Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Mus. Mss. 236
L'Oratorio Abelle de Pietro Torri fut créé à Bruxelles entre 1692 et 1701.
La pièce fut reprise à Valenciennes en 1711 et publiée chez Gabriel François Henry, imprimeur à Valenciennes.
L'instrumentarium comporte deux flageolets (cf pages ci-dessus). Le compositeur utilise ces flageolets dans une écriture italienne en imitation ou homophone avec des mélismes soulignant la ligne vocale.
Le manuscrit autographe de Pietro Torri (actes 1 et 3 seulement) est conservé à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich.
Munich, Bayerische Staatsbibliothek, août 2008
Qui était Pietro Torri ?
Né vers 1650 près de Verone, Pietro Torri entre en 1689 au service de Maximilien-Emmanuel de Bavière et c'est auprès de ce musicien et mécène exceptionnel qu’il accomplira toute sa carrière. Lorsque Maximilien-Emmanuel devient gouverneur des Pays-Bas espagnols en 1692, Torri l’accompagne avec le titre de maître de chapelle. Il travaille aussi pour son frère Joseph-Clément, Prince-Electeur de Cologne.
Le 18 août 1708, Joseph-Clément arrive à Valenciennes. Chassé de ses Etats pour avoir pris le parti de la France et de son roi Louis XIV lors de la guerre de Succession d'Espagne, il s'installe dans l'Hôtel du Gouvernement situé dans la rue de l'Intendance, appelé aussi Vicoignette parce qu'il avait servi de refuge aux religieux de l'Abbaye de Vicoigne . Grand amateur de spectacles, il y amène sa troupe de chanteurs et de comédiens qui donneront à la vie musicale et théâtrale valenciennoise une impulsion extraodinaire.
Joseph-Clément de Bavière
Hôtel du Gouvernement ou Vicoignette, Valenciennes
in Histoire ecclesiasticque de la ville et comté de Valentienne, Simon Le Boucq (1650)
Bibliothèque municipale de Valenciennes, ms 673
Joseph-Clément fait représenter à la Cour [Vicoignette], régulièrement deux fois par semaine, l'opéra ou la comédie. Pendant le Carême, il y fait représenter en musique des oratorios qui servent de méditation. Abelle y sera représenté en 1711. Le théâtre change souvent de décoration, avec toutes les machines, à l'imitation de ceux de Paris et de Bruxelles. Il y a une loge pour son Altesse et les dames de sa Cour...
La partition d'Abelle de Pietro Torri témoigne de l'utilisation du flageolet dans la musique savante de l'époque, et préfigure l'utilisation de l'instrument dans les opéras baroques au XVIIIe.
Bibliographie :
Philippe Perlot, Musique et musiciens à Valenciennes sous l'Ancien Régime, Valentiana, N° 30, décembre 2002
Castil-Blaze, L'Opéra-Italien de 1548 à 1856, Paris, 1856
J. Loridan, L'Electeur de Cologne à Valenciennes, Revue de Lille, 1907, pp. 571-595
I. M. Groote, Un Musicista Veronèse alla corte de Baviera, 2003